retour à la vie sauvage pour "Henriette"

 

 

 

 

Quelques nouvelles des aigles...

 

 

 

Notre connaissance des territoires occupés par des couples d’aigles royaux s’est renforcée cette année avec la découverte d’un nouveau couple dans le Couserans et peut-être d’un autre en Haute-Ariège mais qui demandera confirmation lors de la saison prochaine.

 

C’est donc une trentaine de territoires (30 ou 31) qui sont occupés par des couples d’aigles royaux en Ariège. La découverte de ces nouveaux couples ne correspond pas forcément à une installation récente de jeunes oiseaux mais probablement plutôt à la mise à jour de nos connaissances sur cette espèce : ces couples seraient passés inaperçus jusqu’à aujourd’hui, faute de prospection.

 Il n’est pas exclu que cette mise à jour de nos connaissances ne se poursuive pas : n’hésitez donc pas à nous signaler toute observation d’aigle royal !

  La reproduction de ces couples a pu être plus ou moins bien suivie et avec des fortunes diverses puisque sur certains territoires, malgré les efforts des observateurs, les sites de nidification utilisés cette année n’ont pu être localisés malgré l’observation des couples et de comportements liés à la reproduction : parades, transports de matériaux…

 Au total seulement 9 jeunes à l’envol ont été observés en 2019 sur 25 territoires suivis. Cette année connaît donc une réussite assez faible de la reproduction chez les aigles royaux. Toutefois, elle est un peu meilleure que celle de l’année dernière qui avait été mauvaise avec seulement 4 jeunes à l’envol.

 Des aires arboricoles ont été utilisées sur certains territoires, parfois avec succès, ce qui montre les facultés d’adaptation de cette espèce et sa capacité à nicher même en l’absence de falaises « intéressantes » pour elle. Des territoires dépourvus de falaises dignes de ce nom mais riches en nourriture et suffisamment tranquilles sont peut-être à prospecter avec plus d’attention : la zone du piémont recèle peut-être quelques surprises…

En 2016, une aigle juvénile d’un couple du sud du massif central était observée par Mickaël au-dessus du plateau de Beille, montrant la possibilité d’échanges entre les populations du Massif Central et des Pyrénées. Cette année, c’est sa sœur née en 2018 qui est venue visiter les Pyrénées, confirmant donc les échanges entre les populations des deux massifs.

 Les aigles royaux élèvent un aiglon et parfois, mais rarement, deux. Il est encore plus rare de voir les deux finir par s’envoler même si nous avons déjà observé certains couples du Couserans réussir cette prouesse. Souvent, le cadet est tué et dévoré par son frère (caïnisme) ou simplement repoussé et mis à l’écart, l’aîné accaparant totalement la nourriture apportée par les adultes.

David a suivi un de ces couples qui, oh surprise, a tenté d’élever 2 aiglons cette année ! C’est donc avec l’espoir d’observer ce si rare double envol au terme de l’élevage, que David a suivi ce couple. Malheureusement, début juillet, il a assisté à la disparition du cadet. Déjà affaibli, plus chétif, et mis à l’écart : il était à l’extérieur de l’aire, il ne survivait plus qu’en chapardant les restes qu’avait dédaigné son frère aîné. Ce qui devait arriver arriva donc, abandonné, affamé et affaibli, le cadet disparut. Au mois d’août, toutefois, l’aîné, lui, s’envola…

 

Voici le récit « brut » de cette observation.

 

11h25 : L’aîné squatte le nid.

 

          Le cadet est toujours là (YES !), à l’extérieur, sur la vire qui penche vers l’aire, un peu au-dessus du nid, plus menu que son frère.

 

11h45 à 13h09 : Les 2 aiglons se lèvent régulièrement et piaillent d’impatience en cherchant l’adulte.

 

          Le cadet fiente 2 fois (11h55 et 13h08). C’est bon signe! Il doit manger…

 

13h26 : Un adulte se pose au nid et repart aussi sec.

 

          Les 2 aiglons, excités, se lèvent et piaillent longuement.

 

          Puis le cadet se recouche.

 

14h39 : Un adulte apporte de la nourriture au nid et décortique pour l’aîné.

 

          Le cadet se lève et va piailler fortement en bord de vire.

 

          Il semble se rattraper 2 ou 3 fois mais la vire est pentue…

 

14h47 : le cadet, excité, continue de piailler fortement puis chute de la vire et tombe, comme un chiffon blanc, le long de la paroi… Il disparaît derrière les arbres.

 

          L’adulte continue de nourrir l’aîné.

 

14h50 : Quelques brefs piaillements semblent audibles.

 

          L’adulte continue de nourrir l’aîné.

 

15h07 : L’adulte et l’aîné regardent en bas, puis l’adulte s’envole.

 

          Les piaillements repartent, mais par quel aiglon?

 

          L’aîné qui en demande toujours plus ou le cadet qui vient de voir passer l’adulte?

 

15h16 : les piaillements cessent.

 

15h19 : l’aîné reste debout et fiente.

 

16h00 : l’aîné se couche. Fin des observations.

 

J’ai encore cette image du cadet blanc tombant et tournant un peu dans le vide. Bouhouhou!!!

 

Je suppose que sa seule chance de survie était de pouvoir grappiller des restes de nourriture dans le nid.

 

Chute, depuis la vire, du cadet, âgé d’environ 44-45 jours, le 6 juillet 2019 à 14h47.

 

L’aîné semble âgé de 49-50 jours.

 

 

 

Une autre histoire d’aiglon nous a également bien occupée cette année et en particulier Adam. Je vous invite donc à lire l’article suivant qui relate la chute, le sauvetage puis le retour à la vie sauvage d’Henriette la gloutonne.

 

Enfin, pour terminer, je voudrais remercier tous les membres de ce réseau Aigle Royal Ariège, venant de structures différentes (ANA, NEO, ONF, LPO, indépendants) pour leur formidable travail bénévole de prospection et de suivi qui nous permet d’en connaître chaque année un peu plus sur ce fantastique rapace.

 

 

 

Julien Garric

 

Coordinateur du réseau Aigle Royal Ariège.

 

jgarric@wanadoo.fr