Réflexion sur le retour d'un couple d'Aigle royal Aquila chrysaetos

 

sur un site de reproduction abandonné depuis soixante ans.

 

 

 

L'exemple du site rupestre de Balsiège/Barjac, en Lozère.

 

 

 

 

 

                                                                                       Michel CHALVET

 

 

 

 

 


Historique récent :

 

 Au cours de la première moitié du XXème siècle, en France, la législation autorise la destruction des rapaces et parfois même une récompense est attribuée à qui présente une dépouille ou une patte de l'animal. Cet exercice, répété d'années en années, a pour conséquence une chute considérable du nombre d'oiseaux de proie dans le pays. Il faut dire que la population, mal informée des intérêts de la nature, ne peut prendre conscience de la fragilité des espèces sauvages, notamment dans les campagnes où les prédateurs ont toujours été perçus comme des ennemis.

Ainsi, à l'issue de la seconde guerre mondiale, les lozériens ne voient plus guère de grands voiliers sillonner le ciel des causses, des gorges et des Cévennes. Le plus emblématique d'entre eux, l'Aigle royal, semble voué au même destin que le Vautour fauve, qui, selon les données les plus optimistes de l'époque, a disparu du Gévaudan (ancien nom de la Lozère) en 1951. Quant à l'Aigle royal : «Après la dernière guerre, sa population était estimée à 10 couples en Lozère.» (1).

 Les moyens utilisés pour éliminer les aigles sont variés. On incendie les aires, comme le constatent en 1953 dans les gorges du Malpas, le garde-chef de la fédération de chasse Emile Virebayre et son ami ornithologue toulousain, l'abbé René de Naurois. Ces deux passionnés des oiseaux sont alors parmi les premiers à s'inquiéter de l'avenir de l'espèce Aquila chrysaetos en Gévaudan.

 A la destruction par le feu, mais aussi par le désairage, l'empoisonnement, le tir et le piégeage, s'ajoute la raréfaction des proies, notamment les lapins, qui sont atteints de myxomatose.
En cette région, nulle présence de marmottes pour compenser l’hécatombe des lagomorphes, et les petits ongulés sont rares, le mouflon méditerranéen par exemple, ne sera introduit dans le cirque des Baumes qu'en 1966. Le manque de ressources alimentaires combiné à la persécution systématique, voue les aigles du département à la disparition. 

 Dès lors, les deux hommes prennent la mesure de la situation et agissent, avec le peu de moyens à leur disposition, pour protéger l'aigle royal et les rapaces plus généralement. Pour ce faire, ils entreprennent «Une enquête sur les oiseaux pris ou abattus au cours des dernières années, le dénombrement des aires, occupées ou non et la recherche et le recoupement de tous renseignements utiles auprès des chasseurs et des paysans.» (2)  

 Emile Virebayre tient son ami informé, comme l'indique une correspondance datée du 15 mars 1955 dans laquelle il écrit : «Deux aigles royaux ont été tués cette année dans les gorges du Tarn... Aucun aigle n'a été aperçu à Balsiège. Cette aire est bien morte, je crois. Trois aigles abattus cette année encore, c'est bien lourd. Espérons que le massacre finira avec un peu de propagande. Ce que nous faisons. Mais je pense qu'il est préférable de taire certaines choses sur l'existence des aigles chez nous. Si trop de précisions doivent nous attirer des collectionneurs de tous poils et de tous pays, mieux vaut les taire car l'aigle se fait toujours plus rare et des opérations intempestives et non contrôlées sur les aires pourraient signifier l'extinction de l'espèce.» (2)

 Dans un article intitulé : l'Aigle royal en Lozère, publié en 1955 par la Revue Française d'Ornithologie, l'abbé de Naurois indique «...nombre d'aiglons furent pris et tués depuis 1945, sans doute de quinze à vingt... Aujourd'hui, au lieu de 8 couples (chiffre qui représente sans doute un minimum), nous n'en trouvons que 3 à 5...» (3)

 De son côté, le journaliste-naturaliste Gérard Ménatory, s'inquiète également de l'avenir de l'espèce. Il effectue depuis quelques années de fréquents allers-retours entre Cévennes et Queyras pour étudier le prédateur et multiplier les articles de presse afin de sensibiliser à la cause. Pour «aider» les aigles, il prend l'initiative d'introduire des marmottes sur un secteur de l'Aubrac mais cette tentative est rapidement vouée à l'échec. (4)

 En 1958 Lordez et al estiment qu'il ne reste plus que 2 ou 3 aires habitées dans le sud du Massif Central (2). Combien en Lozère ?

 Ménatory, de Naurois et Virebayre, décident alors de se réunir régulièrement chez ce dernier afin de réfléchir aux actions menées par chacun et définir une stratégie qui permettrait d'aboutir à la protection des aigles. Dans le même temps, deux jeunes ornithologues, Michel et Jean-François Terrasse, répondent à l'invitation de leur collègue Pierre de Ligonnès, pour rejoindre les Lozériens. Le monde de l'ornithologie se mobilise.
Ensemble ils organisent une causerie à Mende en présence du Préfet de la Lozère. Devant l'assistance, Ménatory interpelle l'autorité : «Le terme nuisible est périmé, il date d'une loi absurde de 1884 qui n'a jamais eu sa raison d'être. Monsieur le préfet, vous vous honoreriez si vous sortiez un arrêté préfectoral(4) La démonstration des protecteurs des oiseaux fait mouche et le résultat est inespéré, cette même année l'aigle royal est retiré de la liste des espèces nuisibles du département. C'est une première en France et la reprise de l'espoir pour tous les protecteurs des rapaces. Toutefois, l'aigle royal ne bénéficiera du statut d'espèce protégée qu'en 1964 pour la Lozère, et qu'en 1972 pour l'ensemble du territoire national, au même titre que l'ensemble des rapaces.

 Ménatory précise dans son ouvrage référence L’aigle royal : «Dans les douze départements suivants : Basses-Alpes, Alpes-Maritimes, Ardèche, Aude, Aveyron, Bouches-du-Rhône, Gard, Hérault, Lozère, Pyrénées-Orientales, Var et Vaucluse, 350 aigles royaux ont été tués de 1955 à 1961 et une soixantaine entre 1962 et 1963. C’est beaucoup trop pour une espèce en voie de régression.» (5)

 

Discussion, généralité :

Depuis cette époque la situation des aigles royaux en France s'est améliorée, tout comme celle des rapaces en général, sans que l'on puisse toutefois considérer l'ensemble satisfaisant. La chouette chevêche ou l'Aigle de Bonelli par exemple, sont toujours inscrits sur la liste rouge française des espèces menacées.   

 Aujourd'hui encore l'Aigle royal peut être victime d'actes de destruction délibérés, de collision avec des pales d’éoliennes ou des lignes à hautes tensions. Mais il existe une autre forme de nuisance, qui elle, touche l'ensemble de la faune, car présente dans différentes niches. Elle est occasionnée par notre société des loisirs et des activités de nature et peut se comparer, ni plus ni moins, à une procédure d'expropriation. 

 En Lozère, durant la période estivale, il n'est pas rare de voir la rivière Tarn embouteillé de canoës et de baigneurs ; les falaises, particulièrement sur la Jonte, prises d'assaut par les grimpeurs, et les chemins qui surplombent ces magnifiques sites, fréquentés par de nombreux randonneurs et traileurs. J'ai à plusieurs reprises pu constater la quiétude des falaises être perturbée par les récurrents cris des grimpeurs (ils crient pour alerter des chutes de cailloux et pour communiquer entre eux), de voir un drone voler fort près des vires à vautours surplombant le Tarn, et de croiser 500 motos «vertes» en Aubrac, lors de la compétition Le trêfle, rouler allègrement dans des flaques abritant des œufs et des larves d'amphibiens.

 Bernard Ricau, dans sa monographie sur l’aigle royal, écrit qu’en 1992, un couple d’Aigles royaux nichant jusque là en falaise, dans une forêt domaniale de l’ouest du Gard, mais subissant des dérangements répétés au fil des années et donc échouant souvent dans sa reproduction, a finalement changé de site pour construire une aire située dans un pin noir. (6)

 Le constat est simple, l'homme pénètre chaque année un peu plus les milieux vitaux de la faune sauvage, qui, si la pression est trop forte, ne peut plus s'adapter et s'en trouve contrainte de partir, avec les conséquences que cela implique : recherche d'un nouveau territoire, impact sur la reproduction.

 La recherche de nouveaux territoires de reproduction n’est pas simple pour les Aigles royaux, qui, dans le passé, occupaient les grands sites du Tarn et de la Jonte. Désormais, avec la concurrence des vautours mais surtout en raison de la transformation des falaises en secteurs d'escalade, l'espèce porte par défaut son choix sur des falaises plus petites et sur les arbres. Heureusement, le département ayant vu sa surface forestière augmenter et vieillir, cette donne vient quelque peu amortir la perte des aires rupestres historiques, mais jusqu'à quand ? Plus pour longtemps vraisemblablement, car chacun sait combien les forêts française souffrent des sécheresses à répétition, et dans un futur proche, d'une exploitation massive pour fournir en bois les centrales biomasses destinées à produire une énergie verte et renouvelable. Or, si les couples d'Aigles royaux, estimé à trois à la fin des années 60 est aujourd'hui passé à 11 (com. Pers. J-P Malafosse), ne trouvent plus de grandes falaises libre ni de forêts suffisamment matures, cette tendance qui était à la hausse s'inversera sans doute à nouveau.

 Déjà, en 1971, Ménatory soulignait l’importance du milieu rupestre pour cette espèce : «L’habitat a une grande importance. On ne trouve pas d’aigles partout. Une région relativement riche en gibier ne pourra être adoptée par l’aigle s’il n’y a pas de falaises pour lui permettre d’établir son aire. Il est en effet exceptionnel que l’aigle royal installe son aire dans un arbre. Il lui faut des rochers, d’une part parce qu’ils lui assurent une sécurité plus grande, ensuite parce qu’ils lui offrent des abris naturels.» (5) 

 Une vision qu'il convient de relativiser aujourd'hui, à certaines conditions «Dans les années 1970, la population était au plus bas dans les seuls sites reculés, mais l’Aigle royal peut très bien nicher en forêt dans des arbres et même en plaine, pour peu qu’il ait une relative tranquillité et qu’on ne le pourchasse plus pour le détruire. L'escalade et les activités ludique ne sont pas les seuls dérangement grave pour les aigles. Le rajeunissement de la forêt par coupes rases et la pénétration du milieu (pistes) sont également des problèmes majeurs actuellement pour empêcher le retour de ce rapace en Lozère. Cette année nous avons un douzième couple reproducteur pour la Lozère, vers Vialas. Installé comme celui d'Altier dans un rocher au dessus de la route. Encore un couple de «deuxième génération» comme j'appelle ces oiseaux qui recolonisent l'espace très près des humains. C’est l’espace qu’on lui laisse qui sera déterminant pour multiplier la nidification dans les arbres ou les petits rochers. Force est de constater que l’espèce est capable de côtoyer l’Homme si ce dernier accepte de lui laisser une petite place. » (com. pers. J-P Malafosse)

 Cependant, l'adaptation des aigles aux petites falaises ne doit pas justifier l'exploitation des grands sites rupestres aux projets touristiques et de loisirs. L'homme est désormais partout, dans l'eau, sur l'eau, sous terre, sur les falaises, dans le ciel, et même dans les arbres (accrobranches, gîtes dans les arbres...). L'engouement pour les activités de plein air est compréhensible, mais il doit raison garder. Il est vital d'attirer l'attention des pratiquants et de leurs fédérations sur la nécessité qu'il y a à maintenir des sites vierges d'équipements et de présences humaines, afin de préserver les espèces qui y vivent et s'y reproduisent ou qui pourraient y (re)vivre et s'y reproduire. Le bon sens serait de considérer qu'une falaise inoccupée par un rapace rupestre n'est pas nécessairement une falaise disponible pour l'homme, ainsi que le prouve l'histoire des aigles de Balsiège/Barjac, en Gévaudan.

 

L'exemple du site de Balsiège/Barjac:

 Ce site étendu sur 4 à 5 kilomètres de long se compose de falaises calcaires et de forêts surplombant la rivière Lot, avec 5 aires rupestres répertoriées par les ornithologues du 20ème siècle, et possiblement une 6ème aire, forestière (aire n°5). Il n'a jamais été utilisé annuellement que par un seul couple. Le compte rendu établi en 1955 est le suivant (2) :

 - aire 1 : sur un rocher escarpé, en bordure de plateau. Un aiglon y fut capturé il y a quelques années.

 - aire 2 : à mi-côte sur la rive gauche d'un affluent du lot. Plusieurs aigles et aiglons y furent tués ou pris. L'aire est inoccupée depuis 1949.

 - aire 3 : Sur une falaise en éperon, sur la rive gauche du Lot. Les aiglons auraient été dénichés il y a 10 ou 20 ans. L'aire est signalée aujourd'hui comme inoccupée.

 - aire 4 : sur un rocher à flanc de montagne, rive gauche du Lot. Les aiglons y furent plusieurs fois enlevés avant la dernière guerre. L'aire est inhabitée depuis lors.

 - aire 5 : Sur un pin. Peu de renseignements. L'identification n'est pas absolument certaine.

 

Toutefois, en 1958, messieurs de Ligonnes et Virebayre constatent la présence d'une aire ancienne dans des rochers, en aval de l'aire 3. Celle-ci est inhabitée. Nous la répertorions aire 6.

 A la même période, sur la commune de La Canourgue, un autre couple d'aigle royal disparaît dans des circonstances analogues. Emile Virebayre, dans une de ses nombreuses notes, cite deux autres exemples à ce sujet : «Vers 1920 dans la vallée de la Jonte, trois hommes dénichent devant plus de deux cent personnes les deux aiglons et prennent aux pièges les parents deux jours plus tard. La famille entière est détruite et l'aire ne sera plus jamais réoccupée.» Le garde ajoute «Il est bon de souligner, que lorsque une aire d'aigle a vu disparaître les aiglons ainsi que les parents, il est rare de voir cette aire habitée à nouveau. Par contre, malgré la destruction des aiglons issus de la ponte, les aigles reviennent nicher à nouveau au même lieu l'année suivante. Ce fait semble démontrer que l'aire constituerait un patrimoine se transmettant de génération en génération. La famille entière disparaissant, l'aire devient inhabitée pour très longtemps si ce n'est pour toujours.» (2)

 L'espèce est alors considéré quasiment éteinte en Lozère et la dernière reproduction officielle sur le site de Balsiège/Barjac remonte à 1949.

 

Le retour :

Il faut attendre 2009, pour voir à nouveau un aigle royal planer dans le ciel de Barjac, cette présence des plus encourageantes prend de la consistance quand le rapace est observé posé à proximité de l'aire occupée en 1949.

En 2010, ce sont deux oiseaux formant un couple, qui sont très présents sur le site. La femelle est subadulte. Il n'y aura pas de reproduction constatée.

En 2011, une nidification est avéré dans l'aire 3. Le 23 mars, le mâle est vu retournant les œufs. Le 10 mai, Alain Avesque et Alain Quet observent au nid un adulte qui semble protéger le petit du soleil, mais au final la reproduction n'est pas confirmée. En 2012, malgré une femelle couvant à l'aire 3, la tentative de reproduction échoue.


En 2013, le couple visite l'aire 6 découverte en 1958. Un accouplement est observé dans les environs. Jean-Pierre Malafosse note « Aire très chargée et vulnérable : une piste est située au pied du petit rocher. »
L’Association Lozérienne pour l'Etude et la Protection de l'Environnement et l'Office National des Forêts décident de tracer un Périmètre de Quiétude autour de l’aire pour protéger la reproduction de dérangements éventuels. Pas de reproduction cette année là.


En 2014, le couple se fixe à l'aire 6. Malgré une incubation avérée, c'est un échec pour la 4ème année consécutive (depuis 2011, année où fut prouvée une ponte). En 2015, nidification à l'aire 6, avec deux aiglons observés. Premier succès de reproduction depuis 66 ans.

2016 : aucune observation permettant d'affirmer la présence de l'espèce.

2017 : reproduction avérée, avec un aiglon visible à l'aire 6.

2018 : reproduction avérée, avec un aiglon visible à l'aire 6. L'aiglon est noté encore au nid le 15 juillet.

2019 : les aigles sont vus plusieurs fois sur le site. Ils occupent une aire située 500 mètres en aval des falaises et nouvellement construite dans un pin noir d'Autriche (aire découverte par Jaufré Miniconi). Un aiglon s’envole cette année là. 2020 : retour du couple à l'aire 6. Un poussin de 45 jours est observé le 4 juillet par Jean-Pierre Malafosse. L'aiglon est très visible dans l'aire le 12 août, ce qui est une date assez tardive. Selon Alain Avesque il est possible que le jeune ait prit son envol et soit revenu se poser à l'aire.

2021 : l'aire 6 a été rechargée mais la tentative de reproduction échoue.

 Six décennies se sont donc écoulées sans qu'aucun Aigle royal ne soit mentionné planant dans le ciel de Balsiège à Barjac ; soixante deux ans sont passés avant de constaté une nouvelle tentative de reproduction, et il a fallut attendre soixante six ans pour assister à la naissance de deux aiglons. Il est peu probable que les aigles aient nidifié dès leur retour en 2009, et pas davantage en 2010 si l'on considère l'âge de la femelle.

 Sur les 5 aires rupestres suivies dans les années cinquante, seule l'aire 3 et l'aire 6 ont été réoccupées par le nouveau couple, auxquelles s'ajoute l'aire forestière découverte récemment (en 2019).

 

Conclusion :

Cette histoire prouve qu'une falaise vierge de rapaces (aigles, faucons, vautours, hiboux), même depuis de nombreuses décennies, reste potentiellement occupable par eux, d'où l'importance de «réserver» des sites rupestres aux espèces dont c'est le milieu naturel et vital, en mettant le site en Réserve naturelle par exemple. Il ne suffit pas qu'un lieu d'escalade bénéficie d'une convention entre les usagers, d'un règlement de bonnes pratiques et de panneaux d'informations pour satisfaire aux besoins de la faune. Si ces précautions sont louables et veulent concilier la présence de l'homme avec la présence de la nature, elles ne doivent pas devenir la norme et se banaliser, car elles restent le moins pire pour la nature alors que cette dernière a nécessairement droit au mieux. Parallèlement aux sites d’escalade déjà existant, et prioritairement, il importe de conserver le patrimoine rupestre restant en l'état, c'est à dire sans aire de stationnement ni chemin d'accès, et encore moins de via ferrata (itinéraire aménagé dans une paroi, équipé avec des éléments métalliques (câbles, échelles, rampes, etc.) destinés à faciliter la progression.) 

 A noter que l'histoire des aigles de Barjac n'est pas un exemple unique. A La Canourgue et à Saint-Bauzile, toujours dans la vallée du Lot lozérienne, deux couples supplémentaires réoccupent des sites et des aires historiques abandonnés de longue date (J-P Malafosse). En avril 2020, dans le Jura où il avait disparu depuis 200 ans, un couple d'Aigle royal à été observé pendant plusieurs jours, parfois transportant une proie.

Le grand retour des Aigles royaux dans la vallée du Lot, au delà d'être une excellente nouvelle mettant en évidence l'utilité d'une zone rupestre resté intacte, doit être extrapolé aux autres niches écologiques comme les zones humides, les prairies fleuries, les haies, les friches, les vieilles forêts. Méditons sur cette propension à nous approprier tous les milieux, si vitaux pour la faune et la flore mais si futile pour nos plaisirs ludiques, et reconnaissons que l'utile protection des espèces animales n'a guère de sens sans la protection de leurs niches écologiques. Oui, la sauvegarde de l'un ne peut se faire sans celle de l'autre.

 

Remerciement :

Je termine cette note en remerciant Jean-Pierre Malafosse, Garde Moniteur du Parc national des Cévennes, pour ces nombreuses informations et pour les clichés, ainsi que Alain Avesque, l'un des principaux artisans du retour des Vautours fauves dans la région, qui m'a fait découvrir ce site qu'il choie tout autant que ses prunelles d'ornithologue. Laissons-lui le mot de la fin : «De toutes les histoires ornithologiques que j'ai connues, celle-ci est à mes yeux la plus belle !»

 

Bibliographie :

1) Alain Avesque, bulletin municipal de Barjac n°84, 2018.  
(2) Emile Virebayre, archives personnelle.
(3) René de Naurois et Emile Virebayre, L'aigle royal en Lozère, La Revue Française d'Ornithologie, 1955. (4) Gérard Ménatory, archives personnelle.
(5) Gérard Ménatory, L’aigle royal, 1972, édition Stock. (6) Bernard Ricau, L’aigle royal, Biologie, histoire et conservation – Situation dans le Massif central, 2017, Biotope édition.

 

 

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